Modulaire : le bilan post prod

Jusqu’ici, Reaper s’était imposé comme une évidence comme station de travail: léger, fiable, et parfaitement adapté à mes besoins.

Mais cet hiver, alors que deux morceaux étaient quasiment finalisés, j’ai décidé de tester Luna, la station de travail développée par Universal Audio. Pour être honnête; j'ai surtout été attiré par la promesse d’un environnement de mixage un peu plus haut de gamme et par les simulations analogiques des tranches de consoles et enregistreurs à bande (le Studer 800 et l’Ampex ATR-102 sur le master bus en particulier).

Le verdict ? Qualité sonore impeccable, rien à redire de ce côté-là. En revanche, côté fiabilité, l’expérience a été nettement moins convaincante et j'ai rencontré de nombreuses difficultés qui ont rendu le projet inutilement compliqué :

• plugins qui disparaissent aléatoirement,
• projets corrompus,
• automations modifiées à la réouverture d'un projet,
• sauvegardes hasardeuses...

Autant de bugs qui, malgré toute ma bonne volonté, ont transformé chaque session de mixage en loterie. À titre d’exemple, les plugins Black Rooster Audio que j’utilise régulièrement refusent tout simplement de se charger et je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi.

Résultat : même si j’ai terminé l’EP sur Luna, je retourne sans hésitation sur Reaper, bien plus stable et, surtout, aligné avec ma manière de travailler.

Dans tous les cas, c'était déjà une très mauvaise idée de changer de DAW en plein projet.

Plugins : ne pas se laisser submerger

Côté effets, j’ai, dès le départ, limité le nombre de plugins que je souhaitais utiliser : quatre compresseurs, deux reverbs, trois delays, un phaser et quelques effets plus expérimentaux pour des situations ponctuelles...

Trop d’options tuent mon inspiration et ma créativité : je préfère m'astreindre à exploiter une liste restreinte d'outils plutôt que de passer mon temps à chercher le bon effet (ou le bon preset).

Comme beaucoup de home-studistes, j'ai probablement trop de vst et j'en acquiers régulièrement des nouveaux même si, en toute honnêteté, j'ai déjà largement de quoi répondre à tous les usages.

Cette limitation volontaire m'a fait gagner beaucoup de temps et m'a probablement évité de me poser trop de questions inutiles. J'avais donc une liste fixée avant de commencer et je me suis obligé à m'y tenir.

Voici donc les principaux plugins que l’on retrouve sur l’EP :

Coloration : Pré_V76, Melofi (Arturia), Studder A800 (UAD)

Compresseurs : LA-2A, FET 1176 (UAD), Tube-STA (Arturia), Molot (TDR)

Effets : Eternity, Tape-201, CLS222 (Arturia), Fazortran , Repeater (D16),
Shimmer (Bleass), Supermassive (Valhalla DSP), 

Pour l'anecdote, le plugin qui marque réellement la signature sonore de l’album, c’est le Moon Echo de Audiothings, conçu en collaboration avec l'artiste Hainbach.
C'est un effet gratuit qui simule les échos radio réfléchis par la Lune, inspirés par les expériences EME dans le monde radio-amateur.
Il est parfait pour créer des effets de delais avec effet doppler, et la boucle de feedback permet, dans certaines conditions, de générer des textures surprenantes.

Matériel : le setup modulaire évolue

Du côté matériel, mes sources sonores principales reposent depuis deux ans sur l’association du Klavis Twin Waves et des modules Plaits et Beads de chez Mutable Instruments.

Pour l'EP j'ai ajouté le Ziqal Dimensions Mk3, un synthétiseur à table d’ondes qui a avantageusement remplacé le 4ms Ensemble Oscillator que j’utilisais auparavant pour les pads.

Pour le séquençage et la génération mélodique, le setup s’articule en grande partie autour de ces modules :

• un µO_c (micro Ornaments & Crime) pour le génératif
• un Erica Synths Black Sequencer,
• et l'incontournable Bard Quartet de Shakmat.

Ce trio constitue la base de la quasi-totalité des pistes de l’EP.

Le µO_c offre une quantité incroyables de possibilités pour la génération de séquences évolutives avec des applets telles que Enigma (Turing Machine) ou l'excellent Pigeons basé sur les suites de Fibonnacci.

Je l'ai intensément utilisé, finalement beaucoup plus que le Black Sequencer que j'ai, la plupart du temps, cantonné au rôle de LFO synchronisé ou de générateur rythmique.

Maintenant que l'enregistrement est terminé, je prépare déjà la suite, avec quelques changements notables :

• Nouvelles sources sonores : exit les Plaits, remplacés par un Xaoc Odessa couplé au filtre stéréo Vult Freak. À terme, le Xaoc Belgrade viendra probablement remplacer le Ripples pour mieux gérer la stéréo fournie par l’Odessa.
  
  
• Changement d’approche pour les séquences : le Black Sequencer, très performant mais orienté live, va laisser sa place au Moskwa II (Xaoc également), pour un workflow plus orienté Berlin School.
  Le µO_c a aussi été remplacé par un nouveau module plus puissant à base de Teensy 4 afin de pouvoir intégrer les nouveautés du firmware Phazerville.
  
  
• Evolution des effets intégrés au modulaire : le Beads me servait jusque-là pour les textures granulaires glitchées ou comme reverb, mais le Ziqal Dimensions s’en sort aussi très bien avec un peu d’astuce.
  A terme, je pense donc ajouter quelque chose comme l’impressionnant Xaoc Samarkanda ou, éventuellement, des modules Qu-bit (Aurora, Nautilus), malgré leur prix qui explosent à cause des taxes d’import.
  Je réfléchi aussi de plus en plus à utiliser des pédales d'effets pour remplacer les plugins. 

Les plus observateurs auront remarqué la place grandissante de la marque Xaoc Devices dans mon setup. Ce n’est pas un hasard : j’adore leur design, la cohérence de leur gamme, la robustesse de leurs modules et l’intelligence de leurs choix techniques.
Il m’aura fallu cinq ans pour intégrer un premier module Xaoc dans mon rack… mais ce ne sera clairement pas le dernier.